Le « prophète Mackenson » n’est pas assermenté, son église n’a pas de reconnaissance légale

Aucune décision n’a été annoncée suite à la rencontre tenue ce lundi au ministère des Cultes avec les pasteurs Marcorel Zidor, Abia Bernadeau et André Muscadin. Convoqué également à cette rencontre, le « prophète » Mackenson Dorilas, qui fait beaucoup parler de lui ces derniers jours sur les réseaux sociaux, a brillé par son absence.

«C’est avec peine que nous avons reçu de la part de son cabinet d’avocat une lettre vers les 9 :30 du matin disant qu’il ne peut pas se présenter puisqu’il est en mission. Il nous a demandé de renvoyer la convocation à la huitaine», rapporte Evens Souffrant, directeur général du ministère des Cultes précisant que la rencontre a été programmée à cause de certaines «petites dérives» constatées dans le secteur protestant.

Evens Souffrant annonce que le ministère va se réunir en vue de planifier une nouvelle rencontre avec Mackenson Dorilas dans un temps record. « La situation demande que le ministère discute avec le pasteur Mackenson et analyse par rapport à la loi certaines déclarations qu’il a faites et qui peuvent déranger la société et la famille », a indiqué Evens Souffrant.

Le directeur général du ministère des Cultes a affirmé que l’«église des envoyés de Dieu» que dirige Mackenson Dorilas n’est enregistrée dans aucun registre du ministère. Le « prophète», d’ailleurs, n’est pas assermenté. « Pour le moment, nous ne pouvons prendre aucune décision contre cette église puisque le prophète Mackenson n’était pas présent à la rencontre », a expliqué le DG du ministère des Cultes. Le ministère ne prendra sa décision qu’après avoir rencontré celui qui avait proposé une recette à base de punaise et de souffre d’allumettes comme traitement à la maladie du sida.

Prophète ou pasteur, aucune différence

Comme pour se dérober aux obligations légales qu’impose le titre de pasteur, Mackenson Dorilas a toujours déclaré qu’il n’était pas un pasteur mais plutôt un “prophète”. «Dans la législation haïtienne sur les cultes réformés, il est dit que tout pasteur ou ministre d’église. Or quand on dit tout pasteur ou ministre d’église, l’article, en faisant référence à ministre d’église, évoque les cinq dons ministériels, c’est-à-dire soit on est pasteur, soit on est prophète, soit on est docteur, soit on est évangéliste, soit on est apôtre. Le prophète tombe sous le même texte de loi régissant la situation des pasteurs protestants en Haïti», a précisé Joël Turenne, directeur des affaires juridiques du ministère des Cultes brandissant le décret du 18 octobre 1978.

FPH accuse le ministère des Cultes

«La plupart de ces désordres sont occasionnés par le ministère des Cultes», a lancé le président de la Fédération protestante d’Haïti. S’il admet que l’actuelle administration est en train de consentir des efforts, Sylvain Exantus, qui était visiblement très remonté, accuse les prédécesseurs d’Evens Souffrant de « corruption». «Certains sont devenus pasteurs sans aucun papier. Ils se présentent au ministère des Cultes et paient quelqu’un qui leur fabrique papiers de baccalauréat, diplôme de théologie et tous les autres papiers nécessaires. Ce sont tous ces gens qui créent des problèmes au sein de ce secteur aujourd’hui et salissent l’image de tous les pasteurs. Tout cela nous révolte», a lâché Sylvain Exantus.

Le président de la Fédération protestante d’Haïti souhaite que cela cesse. Il appelle à un renforcement du pouvoir régulateur du ministère. «Il faut que le ministère des Cultes soit plus sérieux dans l’étude des dossiers de ceux qui souhaitent devenir pasteurs. Il faut plus d’ordre, plus de régulation», exige-t-il.

La Fédération protestante d’Haïti a été pendant longtemps l’objet de vives critiques pour n’avoir jamais pris de position officielle contre ces dérives qui ne sont pas nouvelles. Sylvain Exantus se cache derrière la Bible pour se défendre. «Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui. S’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins», a indiqué Sylvain Exantus soulignant que ce n’est que si toutes ces initiatives se révèlent infructueuses qu’ils peuvent scandaliser un frère publiquement. Il a cependant souligné que dans la convention que la Fédération protestante d’Haïti avait signée, elle avait établi les conditions pour devenir pasteur. Sylvain Exantus fait encore appel au statut de régulateur du ministère des Cultes pour faire appliquer ces exigences.

Plusieurs autres personnalités du secteur protestant, dont le Dr Françoise Villiers, représentante du CONASPE, le pasteur Lubin Libérus de la MEBSH et le pasteur Warnel Jean-Louis entre autres ont assisté à la rencontre.

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