Marché financier, gourde digitale, rating de l’économie, les nouveaux chantiers du gouverneur de la BRH

Instauration d’un marché financier en Haïti, émission de la première gourde digitale, renforcement de l’entrepreneuriat via des partenariats avec l’USAID, rating de l’économie du pays…, le gouverneur de la banque centrale, Jean Baden Dubois, débriefe sa semaine à Washington D.C. marquée en grande partie par des rencontres bilatérales, des séminaires ainsi que des conférences.

Présent à Washington D.C., du 8 au 14 avril en cours, à l’occasion de la traditionnelle réunion de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale, le gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), Jean Baden Dubois, a multiplié les rencontres bilatérales.

Traditionnellement, les gouverneurs de la banque centrale, les ministres des Finances et, certaines fois, les Premiers ministres des 189 pays membres des institutions de Bretton Woods se retrouvent chaque année lors des deux réunions, au printemps et en automne, pour discuter des programmes en cours, des avancées enregistrées ainsi que de leurs attentes.

Dans une interview accordée à la rédaction au terme de l’édition 2019 de la réunion de printemps, le gouverneur Jean Baden Dubois a fait le point sur quelques-unes des rencontres les plus importantes auxquelles il a pris part.  Des rencontres statutaires pour la banque centrale, de manière générale, a souligné le gouverneur.

Ainsi, le gouverneur dit avoir rencontré en tout premier lieu l’équipe du Département des marchés monétaires et de capitaux au sein du FMI autour  des programmes menés par la banque centrale tels que le marché des changes, le marché financier et surtout la loi-cadre de la BRH vieille de 40 ans.

À en croire le gouverneur Dubois, sa rencontre bilatérale avec l’USAID augure un nouveau souffle pour l’entrepreneuriat haïtien. Il s’agissait surtout d’établir une corrélation entre les programmes de l’USAID qui sont très proches du programme procroissance de la banque centrale.

Cette réunion bilatérale, à laquelle ont notamment pris part le prochain directeur de l’USAID en Haïti, des cadres du département d’État et du département du Trésor, de l’Organe américain chargé des investissements à l’étranger (OPIC), laisse donc présager plusieurs partenariats pour permettre aux programmes mis en place par l’USAID d’être plus nationaux que sectoriels.

Dans son intention de préparer les petites et moyennes entreprises (PME) à entrer sur le marché financier, la banque centrale cible en particulier le programme « Haiti Invest », une plateforme qui va à la fois donner accès à la diaspora et permettre à des investisseurs d’investir dans des PME. Parallèlement, « Haiti Invest » va permettre aux PME d’instituer leur propre gouvernance de façon à recevoir des investissements.

Dans le cadre de son programme d’incitation pour les développeurs, la BRH envisage également un partenariat avec « Home » de l’USAID afin d’augmenter l’essor de ce programme.

Durant son séjour à Washington D.C., le gouverneur Dubois a également eu une rencontre bilatérale avec une équipe de la firme Fitch qui fait des ratings (notation en français) pour des pays ainsi que pour des institutions.

Bien qu’Haïti ne soit pas « investment grade », Jean Baden Dubois estime important de savoir ce dont Haïti a besoin pour devenir « investment grade ». Ainsi, un des points discutés au cours de cette rencontre a été comment l’agence Fitch procède pour noter les pays.

Pour accorder un rating à un pays, l’agence Fitch, nous dit le gouverneur, se base sur les quatre piliers suivants : la performance macroéconomique (inflation, croissance du PIB) ; les finances publiques (budget balancé, dette du gouvernement, intérêts payés par le gouvernement) ; les finances externes (niveau de dépendance aux matières premières) ainsi que les structures (capacité des institutions, PIB per capita, etc.).

« Cette rencontre nous a permis de voir ce que nous avons à faire », a déclaré le gouverneur précisant que Fitch a évoqué la possibilité de faire le rating du pays sans le rendre public.

« Une des façons de montrer qu’on est apte à sortir de l’obligation de prêt concessionnel est de se rendre sur le marché financier avec un rating », a poursuivi le gouverneur Dubois soulignant que le rating est la preuve d’un minimum de stabilité économique, politique.

« Nous cesserons d’être un pays qui a droit seulement à des prêts concessionnels quand nous pourrons donner suffisamment de garantie aux acheteurs de nos bons et à nos créanciers que nous pouvons payer nos intérêts sans difficulté », a indiqué Jean Baden Dubois notant que les quatre piliers de Ficht sont exactement les mêmes qui sont dans le programme avec le FMI.

Toujours dans le cadre de ces rencontres bilatérales, Jean Baden Dubois s’est entretenu avec une équipe de BITT autour de l’intérêt de l’actuel conseil pour l’émission de la première monnaie digitale par une banque centrale en Haïti.

En ce sens, le gouverneur annonce avoir invité la compagnie BITT qui travaille dans le domaine de la monnaie digitale à venir faire des présentations en Haïti en mai autour de la gourde digitale à des staffs de la banque centrale, des opérateurs de telecom, ainsi que les fintech.

« Une gourde digitale émise par une banque centrale a la même valeur que le papier-monnaie », prévient Jean Baden Dubois, informant qu’une équipe de veille au sein de la BRH est en train de regarder de près ce qui se passe avec la monnaie digitale.

De toute façon, poursuit le gouverneur, la banque centrale doit tenir compte de la monnaie digitale à laquelle les personnes dans les recoins les plus reculés pourront avoir accès, notamment en cas de catastrophe naturelle.

Patrick ST PRE source Le Nouvelliste

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