Le budget rectificatif de l’exercice 2017-2018, voté au Sénat cette semaine, a bouclé sans la moindre anicroche son parcours au Parlement. Ce budget rectificatif comporte, entre autres, une grande surprise que l’on pourrait qualifier de grand écart et un petit démenti pour ceux qui, la main sur le cœur, avaient prétendu que cette administration, après les évènements des 6, 7 et 8 juillet, investirait plus dans le social. Le grand écart se trouve dans la rubrique « autres ressources domestiques ».
Si le budget initial avait prévu de collecter 548 millions de gourdes grâce aux dividendes d’entreprises autonomes de l’Etat et entreprises dans lesquelles l’Etat détient des actions, dont l’APN, l’AAN, l’ONA, l’OAVCT, la Natcom, ce montant, dans le budget rectificatif 2017-2018, est passé à 3 milliards 548 millions de gourdes. Ces 3 milliards de gourdes non prévues au début de l’exercice sont soit l’expression d’une prévision trop conservatrice au début de l’exercice, soit l’illustration d’un jeu d’écriture qui met sur le tapis la sincérité du budget ou la matérialisation de prouesses des entreprises suscitées.
Pour le moment, à moins de trois semaines de la fin de l’exercice, on sait seulement que l’Etat haïtien, détenteur de 40% des actions de la Natcom, a reçu, le 15 mars dernier, 79, 2 millions de gourdes de la Natcom. C’est le premier versement de dividende de cette compagnie opérant dans le pays depuis sept ans. La commission de restructuration de l’OAVCT, pour montrer le fruit de son redressement financier, en conférence de presse, comme Natcom, a annoncé avoir versé 5 millions des 10 millions de gourdes prévues.
Il n’y a pas d’informations rendues publiques pour les autres entreprises.
Par ailleurs, les dépenses courantes dans le budget rectificatif 2017-2018 ont augmenté de plus de 10 milliards de gourdes, passant de 73 milliards 636 millions de gourdes à 83 milliards 942 millions de gourdes. Les dépenses pour les biens et services sont de 25 milliards 587 millions de gourdes, soit une augmentation de plus de 5 milliards de gourdes. Plus de 3 milliards de gourdes sont ajoutées à la rubrique « transfert et subvention ». Cette allocation est passée de 9 milliards 927 millions à 13 milliards 242 millions de gourdes.
Le budget de la présidence a connu une légère augmentation, passant de 1 milliard 613 millions de gourdes à 1 milliard 753 millions de gourdes dans le budget rectificatif 2017-2018. Le budget de la Primature est resté presque le même, passant de 2 milliards 062 million de gourdes à 2 milliard 067 millions de gourdes. Le Sénat de la République a obtenu 200 millions de gourdes de plus dans le budget rectificatif, passant de 2 milliards 030 millions de gourdes à 2 milliards 230 millions de gourdes. Pour son personnel, le Sénat a une ligne de 1 milliard 335 millions de gourdes, 435 millions de gourdes pour l’acquisition de biens et services.
Pour la Chambre des députés, le budget rectificatif prévoit 3 milliards 631 millions de gourdes, dont 2 milliards 282 millions pour le personnel. Dans le budget non encore rectifié, le budget de la Chambre des députés était de 3 milliards 631 millions de gourdes. Si ces institutions ont conservé les mêmes niveaux d’allocation ou des hausses légères, la rupture annoncée après les évènements des 6, 7 et 8 juillet dans le sens d’investissements plus conséquents dans le secteur social n’a pas encore été provoquée par l’administration Tèt Kale 2, leurs alliés et les opposants bruyants aux abonnés absents quand il s’agit de mener la bataille pour obtenir des crédits nécessaires en faveur de la population qui glisse dans la précarité économique.
Pour le ministère des Affaires sociales, 1 milliard 137 millions de gourdes ont été affectées dans le budget rectificatif contre 1 milliard 117 millions, soit un ajout de 20 millions de gourdes. Le ministère de la Santé Publique et de la population, dans le budget rectifié, dispose de 5 milliards 093 millions de gourdes. Il était de 5 milliards 063 millions de gourdes, soit une augmentation de 30 millions de gourdes. Les grandes coupes budgétaires dans les services de l’État, pour qu’on puisse financer les programmes sociaux, ne sautent pas encore aux yeux dans ce budget dont les voies et moyens sont passées de 144 milliards 200 millions de gourdes à 145 milliards 643 millions dans le budget rectificatif.
L’Etat met à contribution les contribuables. Les prévisions d’impôt indirect dans le budget rectificatif sont passées de 47 milliards 352 millions de gourdes à 65 milliards 319 millions de gourdes. L’impôt direct table sur la mobilisation de plus de 2 milliards de gourdes, passant de 21 milliards 269 millions à 23 milliards 328 millions de gourdes. L’Etat prévoit 83 milliards 942 millions de gourdes de dépenses courantes sur les 145 milliards 643 millions de gourdes du budget rectificatif. Cette allocation compte 10 milliards de gourdes de plus par rapport au budget initial. Cet Etat a d’abord compté dans la rubrique « investissement public/financement externe » sur plus de 31 milliards de gourdes à plus de 25 milliards de gourdes.
A moins de trois semaines de la fin de l’exercice le 1er octobre, il n’est pas évident, au regard de la conjoncture, qu’un nouveau gouvernement présentera le budget de rupture annoncé et attendu par la population, étranglée par l’inflation, inquiète face à la dépréciation de la gourde sur fond d’absence de discours de politique de l’emploi dans le débat public, dans les politiques publiques conçues et appliquées . Pour l’instant, l’entente parfaite entre l’exécutif et le Parlement dans le vote du budget rectificatif illustre la satisfaction des hommes de ces pouvoirs à l’approche des échéances électorales de 2019.
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