Jovenel Moïse pris en tenailles par la corruption, l’insécurité et un gouvernement introuvable

Le président Jovenel Moïse doit se sentir bien seul ces derniers jours.

Le chef de l’Etat est soulagé du poids des accusations de blanchiment des avoirs qui pesaient contre lui grâce à la décision du juge Brédy Fabien, mais il contemple le dossier PetroCaribe où son nom cohabite avec celui de sa firme Agritrans.

PetroCaribe est un dossier aux ramifications nombreuses et profondes.

Le président se retrouve aussi devant le gros dossier de l’insécurité et de la prolifération des gangs.

Au Sénat de la République, un sénateur de la majorité présidentielle est cité dans une enquête pour son contact avec un chef de gang recherché par la Police Nationale d’Haïti, pendant que la PNH se plaint de ne pas recevoir assez de moyens et d’appuis pour faire son travail.

Cette tuile arrive pile-poil après que le président Moïse s’est décidé à poster un message sur Twitter pour dire qu’il demande aux autorités policières de stopper les gangs armés.

Le sénateur Garcia Delva se retrouve-t-il dans les mailles du filet à cause de cela ou en dépit de cela se demandent les loustics.

Comme pour ne rien arranger, le premier ministre ad interim choisi par le président n’a plus de mandat pour exercer sa charge. « En cas d’incapacité permanente dûment constatée du Premier ministre ou de son retrait du poste pour raisons personnelles, le président choisit un Premier ministre intérimaire parmi les membres du cabinet ministériel en attendant la formation d’un nouveau gouvernement dans un délai ne dépassant pas trente (30) jours », selon l’article 165 de la Constitution.

Les trente jours de Lapin, PM a.i. se sont écoulés. Il lui faudrait un renouvellement de mandat. Sauf que, entre-temps, il a été nommé premier ministre mais n’a toujours pas passé l’étape du parlement pour devenir légalement premier ministre.

N’étant plus PM a.i., Jean Michel Lapin ne peut donc plus siéger en Conseil des ministres. Son mandat ne peut pas être renouvelé, il est devenu PM d’un gouvernement qui n’existe pas encore.

Premier ministre nommé, il n’est plus ministre du gouvernement Céant.

On se demande si on va vers la nomination d’un nouveau PM a.i. issu des anciens ministres de Jean-Henry Céant.

Inutile de dire que le rendez-vous avec le FMI annoncé par le président Jovenel Moïse pour ce 24 avril n’aura définitivement pas lieu. Le pays est loin d’avoir un gouvernement légalement constitué et un budget régulièrement ratifié.

Pas de gouvernement. Pas d’argent de la communauté internationale. Pas de lutte contre l’insécurité. Pas de recettes internes dans un pays où une guerre de basse intensité réduit considérablement l’activité des ports et terminaux pétroliers d’où l’Etat tire la majorité de ses recettes directes et indirectes. Rien ne va.

Le président Moïse est dans les mâchoires d’une mécanique infernale. Comme des incisives et des molaires, la corruption, l’insécurité, l’absence de gouvernement, la défiance de la population, les aspirations de l’opposition, l’attentisme de la communauté internationale et la future probable crise électorale le contemplent avec appétit comme autant de pièges.

Edito du Nouvelliste

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