Le nombre de voyageurs à destination d’Haïti en nette diminution

Depuis plusieurs jours, le nombre de voyageurs à destination d’Haïti diminue considérablement. Les vols vers Port-au-Prince sont quasiment vides. La crise politique que connait actuellement le pays, en est la principale cause, pour des responsables de compagnies aériennes. La situation énerve certains voyageurs haïtiens qui y voient un grand manque à gagner pour le pays.

Les avions volent, mais presque vides, en direction d’Haïti. Des voyageurs en provenance de New York, Boston, Atlanta, Miami ou Fort-Lauderdale, ont fait le constat. Certains ont même décidé de publier sur Facebook ou sur Twitter, des photos prises à l’intérieur des engins pour montrer aux internautes la diminution du nombre des passagers. Ces images circulent et créent la conversation. Si certains en rient ouvertement, d’autres y voient de quoi s’indigner et s’inquiéter.

C’est le cas pour Franciyou Germain, qui était à bord d’un vol revenant de Fort Lauderdale vers Port-au-Prince ce lundi 7 octobre. Le journaliste de Mag Haïti qui avait renvoyé son vol à plusieurs reprises, se dit étonné de voir le nombre de personnes à bord lors qu’il est monté dans l’avion, alors qu’il était difficile pour lui de trouver une place lors de sa réservation. « Plusieurs vols ont été annulés. On était environ 50 à faire le voyage. Les haïtiens qui décident de rentrer sont tous des résignés. Vraiment ! C’était une mauvaise expérience », a-t-il témoigné à la rédaction de Loop Haïti. L’air frustré, Franciyou Germain souligne que les étrangers ne veulent pas entrer en Haïti, ce qui représente un véritable manque à gagner pour le pays.

« Le nombre de passagers en direction de Port-au-Prince a effectivement diminué », confirme Jean Gérald, membre de l’équipage d’une compagnie aérienne, lors d’une entrevue accordée au service créole de « La Voix de l’Amérique ». Cette compagnie qui fait le trajet Atlanta/Port-au-Prince trois fois par semaine, a vu le nombre de ses voyageurs réduit durant ces derniers jours. « Cet appareil a la capacité de transporter 192 passagers, alors qu’aujourd’hui, on a seulement 39 », a informé Gérald, qui évoque les manifestations violentes à Port-au-Prince, pour expliquer cette régression. Cependant, il précise que même si l’avion n’est pas rempli, cela ne veut pas dire qu’il est déficitaire pour la compagnie.

Le nombre de voyageurs à destination d’Haïti en nette diminution

Dans la situation de crise actuelle, c’est l’industrie touristique qui s’effondre davantage, s’inquiète l’économiste Enomy Germain. Il souligne que pour la période de Pays lock en février dernier, c’est ce secteur qui avait payé le prix fort avec un taux de décroissance de 5 %. “Alors que, dit-il, certaines entreprises touristiques établies dans le pays n’ont même pas encore atteint leur maturité”. Si ces dernières sont obligées de fermer leurs portes, ce sont des centaines voir des milliers de gens qui vont perdre leur emploi, dans un pays qui n’en a pas assez, fait savoir l’auteur du livre “Pourquoi Haïti peut réussir”.

Autre chose, ce ne sont pas seulement les touristes qui ne viennent pas au pays. Les membres de la diaspora aussi gardent leur distance. “Et si on n’arrive pas à gagner la confiance de la diaspora, ce sera difficile de convaincre les autres…”, indique l’économiste. Mais aussi, la situation actuelle risque d’agrandir le nombre de cadres haïtiens à l’extérieur. Alors qu’on est en manque de cadres qualifiés, bon nombre d’entre ceux qui évoluent dans le pays profitent de cette cette situation de crise pour le quitter, regrette Germain.

Rappelons que depuis quatre (4) semaines, Haïti connait des mouvements de protestation parfois très violents. A l’appel de l’opposition, des manifestants investissent les rues pour exiger la démission du président Jovenel Moïse. Et depuis, pas moins de 17 personnes ont été tuées et des dizaines autres blessées, selon un rapport du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH). Des entreprises privées ont été également pillées et/ou incendiées.

Encore ce lundi 7 octobre, à Port-au-Prince, les activités sont presqu’au point mort. Les entreprises fonctionnent au ralenti. Les barricades de pneus enflammés sont érigés dans certaines zones dont Delmas, Nazon et Carrefour aéroport. Les membres de l’opposition politique ne jurent que par le départ du chef de l’Etat et met déjà en place une commission de passation du pouvoir.

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