Des milliers d’opposants au président Jovenel Moïse ont défilé vendredi dans la capitale haïtienne de Port-au-Prince pour dénoncer l’influence étrangère dans la politique du pays, qu’ils perçoivent comme un soutien affiché à l’encontre du dirigeant.
Au cours de la semaine, le Core Group, composé de représentants des Nations unies, de l’Union européenne et de l’Organisation des Etats américains ainsi que des ambassades d’Allemagne, du Brésil, du Canada, de la France, des Etats-Unis et de l’Espagne, a organisé plusieurs réunions d’échanges avec des dirigeants de partis politiques, des élus de l’opposition et des conseillers du président pour tenter de trouver une issue à la crise dans laquelle Jovenel Moïse est enlisé.
“Quand les gilets jaunes manifestent en France est-ce qu’il y a un Core Group qui vient parler avec eux? Non. Donc nous les Haïtiens on ne veut pas d’eux. On leur dit simplement qu’on ne veut plus de ce monsieur Jovenel Moïse comme président. On ne veut plus de cette ingérence internationale : laissez les Haïtiens gérer leurs affaires” dénonce Antonin Davilus, 31 ans, sur le point de marcher avec le large cortège en direction de la principale base de l’Onu en Haïti.
Depuis près d’un mois les manifestations populaires se sont multipliées à travers les principales villes haïtiennes, rassemblant des milliers de personnes qui réclament la démission immédiate du chef de l’État.
Contesté par l’opposition depuis sa prise de pouvoir en février 2017, la colère contre Jovenel Moïse s’est amplifiée quand, fin mai, la Cour supérieure des comptes a publié un rapport détaillant la gestion calamiteuse du fonds d’aide allouée à Haïti par le Venezuela depuis 2008.
Des policiers ouvrent le feu lors d’une manifestation à l’extérieur de la base principale de l’ONU à Port-au-Prince, en Haïti, le 4 octobre 2019 / AFP
Dans ce document, une entreprise dirigée par Jovenel Moïse a été épinglée par les juges comme étant au cœur d’un “stratagème de détournement de fonds”.
La contestation s’est accentuée suite à une pénurie de carburants paralysant toutes les activités du pays entre mi-aout et mi-septembre.
Depuis des barricades sont régulièrement dressées sur les principaux axes routiers et des manifestations organisées empêchant le fonctionnement régulier des écoles, des hôpitaux, des établissements commerciaux et des administrations.
Cocktails Motolov et jets de pierre contre lacrymogènes et canons à eau, manifestants et policiers sont se violemment affrontés aux abords de la base onusienne avant que les forces de l’ordre ne reculent et que le long cortège passe finalement sans incident devant l’établissement de la mission de l’Onu.
Source AFP
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