Gary Bodeau demande un nouveau délai au FMI pour le décaissement des 229 millions de dollars

En visite officielle à Washington D.C., le président de la Chambre des députés, Gary Bodeau, a confié, le mardi 9 avril 2019 au journal, avoir réussi à négocier un nouveau moratoire avec le Fonds monétaire international (FMI) pour le décaissement des 229 millions de dollars américains qu’Haïti devait recevoir en prêt de l’organisation mondiale.

Rencontré dans les locaux HQ1 (Quartier général) du FMI ce mardi matin, dans le cadre des Réunions de Printemps 2019 des Conseils des gouverneurs du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), qui se déroule actuellement dans la capitale fédérale américaine du 8 au 14 avril, le député de la circonscription de Delmas, très satisfait de lui-même, a fait savoir à la rédaction qu’il a mené un plaidoyer auprès des responsables du Fonds pour obtenir « un nouveau délai qui peut courir jusqu’au mois de juin ».

« Après mon exposé au FMI, ils [les responsables] se sont rendu compte qu’ils ne pouvaient plus retenir le 24 avril comme date butoir », a déclaré le parlementaire, sorti d’une rencontre, en compagnie du gouverneur de la banque centrale, Jean Baden Dubois, avec des responsables du FMI.

En effet, le vendredi 21 mars dernier, Gerry Rice, le directeur de la communication au FMI, lors d’un briefing à Washington, avait en substance annoncé la décision du Fonds de surseoir à l’application du programme de prêt concessionnel de 229 millions de dollars à 0% sur trois ans octroyé à Haïti en attendant la formation d’un nouveau gouvernement et la ratification du budget de l’exercice en cours.

« Ils étaient inquiets par rapport à la date butoir du 24 avril qui approche [à grands pas]. En tant que président de la Chambre des députés qui représente le Parlement haïtien, nous avons fait la demande d’une nouvelle date butoir pour Haïti », a poursuivi le parlementaire haïtien, qui dit néanmoins laisser le soin aux autorités monétaires d’annoncer le scoop.

À l’en croire, il a formulé sa demande pour ce nouveau moratoire après avoir fait un exposé très succinct de la situation politique actuelle du pays. « D’après mes calculs, conformément aux règlements intérieurs des chambres et la Constitution, cela prend entre 30 et 45 jours, pour ne pas dire deux mois, pour installer un gouvernement », a expliqué Gary Bodeau rappelant qu’Haïti a des échéances claires à respecter.

Une source proche du dossier a confié à la rédaction que le Fonds reste attaché au délai de 30 jours pour la formation d’un gouvernement et attend des gages d’Haïti en ce sens pour pouvoir effecteur deux des trois décaissements prévus avant la fin de l’exercice 2018-2019. Entretemps, le FMI s’engage à financer quelques projets sociaux afin de soulager la population de sa situation de précarité économique et sociale.

Ainsi, le président de la Chambre basse, tout en exprimant son contentement du fait que le président Moïse a choisi un Premier ministre pour rassurer la communauté nationale et internationale, les bailleurs de fonds, a annoncé son intention d’écrire rapidement au Premier ministre pour lui demander de venir faire le dépôt de ses pièces afin d’accélérer le processus de ratification de son gouvernement.

« Je pense que le PM Lapin a toutes ses chances d’être ratifié par la Chambre des députés si les présidents des blocs majoritaires et minoritaires trouvent un accord sur leurs désaccords pour faire passer le gouvernement », a ajouté Gary Bodeau, qui dit espérer du PM Lapin, s’il gagne l’aval du Parlement, qu’il soit un Premier ministre proactif, en charge d’un gouvernement d’ouverture à la hauteur de la situation.

Parallèlement au dossier du FMI, Gary Bodeau, dans le cadre de sa tournée à Washington D.C., a rencontré lundi le leader de la majorité démocrate à la Chambre des représentants, Jim Clyburn, ainsi que la présidente démocrate de ladite Chambre, Nancy Pelosi, avec qui, dit-il, il a discuté de l’importance du renouvellement du « Caribbean Basin Trade Partnership Act (CBTPA) qui arrive à expiration le 30 septembre 2020.

« On ne peut pas venir à Washington sans être tenté de faire du lobbying auprès du Congrès américain », a déclaré le député Bodeau retraçant pour la rédaction les grandes étapes de sa tournée à Washington pour, dit-il, s’attaquer aux problématiques importantes pour le pays, à savoir le TPS, le renouvellement du CBTPA…

« Si le CBTPA n’est pas renouvelé, cela aura un impact négatif sur la création d’emplois dans le secteur textile. On ne pourra pas inciter une quantité importante de nouvelles compagnies qui quittent la Chine à cause de l’augmentation de tarifs douaniers des États-Unis à venir s’installer en Haïti », avait alors expliqué Georges Sassine, président de l’Association des industries d’Haïti (ADIH), lors d’un périple à Washington D.C. fin mars pour sensibiliser le Congrès à l’importance du renouvellement du CBPTA pour Haïti.

Si les exportations du secteur textile, 90 % des exportations totales du pays, tournent autour du milliard de dollars américains l’an, les exportations effectuées dans le cadre du CBTPA, environ 35 % des exportations totales, représentent entre 200 et 400 millions de dollars américains.

Cependant, Gary Bodeau estime que cette facilité est sous-utilisée car les entrepreneurs ne sont pas au courant de son existence malgré le fait que cette loi, un atout pour le secteur textile, accorde aussi les mêmes exonérations à une kyrielle de produits, de filières, dont l’artisanat, des produits agricoles comme la mangue, le café…

Le député haïtien en veut pour preuve les 14 000 dollars américains d’exportation d’avocats réalisée par Haïti sous couvert de cette loi. Une façon à lui d’affirmer que « nous devons redoubler d’efforts pour attirer plus d’investissements dans le pays ».

Patrick ST PRE source Le Nouvelliste

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