Moïse Jean-Charles et le classisme ordinaire

S’il y a quelqu’un dans le paysage politique haïtien qui a été d’une rare constance dans la mission qu’il semble s’être assigné de nous prévenir des prochaines dérives du pouvoir rose, c’est Moïse Jean-Charles.

Il nous aura ainsi averti, entre autres, de la dilapidation des fonds Petrocaribe, de la gestion de fonds publics par le fils et la femme du Président, de la mise en place d’une milice rose, de l’existence d’un doute sur la nationalité du Président Martelly ou encore de l’installation d’une succursale de la Banque de la République d’Haïti (BRH) au sein du Palais National (le Président du Conseil d’alors, M. Charles Castel, précisera, dans une entrevue avec la journaliste Marie Lucie Bonhomme, qu’il s’agissait plutôt de fourgons blindés transportant l’argent du payroll des employés du Palais).

Cette dernière information est particulièrement intéressante en ces temps où la saga des 7 mercenaires nous laisse avec plus de questions que de réponses et que l’une de ces questions concerne le rôle de la BRH dans cette affaire. Nos mercenaires auraient ainsi tenté de pénétrer dans l’enceinte de la banque et l’inconcevable (pour eux) serait arrivé : des Haïtiens faisant leur travail. Le gardien d’abord. La police ensuite. Que comptaient y faire les comdottieri ? On ne sait. Ils ont été arrêtés puis sont rentrés chez eux, après un passage par le salon diplomatique facilité par un ministre de la justice rose, agissant sans l’aval de son Premier ministre.

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Heureusement pour le pouvoir rose, nous n’écoutons pas l’ancien Sénateur Moïse. Il a l’air d’un gros soulier et a la bouche sure. Il ressemble à ce bon gros peuple que ridiculise Tonton Bicha pour notre plaisir. Nous nous moquons donc de lui, avant que de ce qu’il a à dire, même lorsque nous sommes conscients que ce qu’il a à dire a quelque mérite.

Le fait que l’ancien Sénateur du Nord ait décidé d’embrasser la caricature la rend encore plus cruelle. Le voici multipliant les actions d’éclat, se promenant à cheval, faisant des déclarations dont la solennité n’a d’égale que le ridicule absolu de sa forme. C’est un mécanisme de défense comme un autre mais, au final, cela n’aide personne. Pas le Sénateur et ses ambitions – qui ne sont pas pris au sérieux. Pas la République et ses habitants – qui ne lui font pas confiance.

Le Sénateur Jean Charles a beaucoup d’informations. La chose se dit. La chose se sait. Il n’est pas toujours crédible. La chose se sait. La chose s’impose. Le Nouvelliste y a consacré un article entier.

Combien de fois Moïse Jean-Charles s’est-il trompé ou n’a pas été compris?

Le Sénateur ment. Pour des broutilles. Des broutilles aisément vérifiables. Il se trompe dans les détails, fabule et improvise pour combler les blancs. Il s’acharne lui-même à enterrer sa crédibilité puis se confond en déclarations multiples. Ce faisant, il contribue à maintenir bien en place son image de trublion inculte. Il peut donc jouer à l’agitateur tout en restant « inoffensif ».

Nous gagnerions peut-être à prêter attention à ce que dit le Sénateur Moïse. Voir, au-delà de ses singeries ridicules, la piste qu’il indique et la creuser. Il y a quelque chose de pourri au royaume de la BRH et je m’en vais éplucher les sorties médiatiques de Moïse Jean-Charles pour savoir quoi.

Source La Loi de Ma Bouche

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