Brutalité policière lors des manifs : un photojournaliste s’indigne !

Comme bon nombre de journalistes qui assurent la couverture des manifestations anti-Jovenel Moïse à Port-au-Prince, Jean Marc Hervé Abelard a vu des scène terribles. Usage abusive de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc… Pour la journée du 1e octobre 2019, le photojournaliste du quotidien Le Nouvelliste et de l’agence internationale EFE, a décidé de sortir derrière sa caméra pour dénoncer sur sa page Facebook, une intervention policière « exagérée”.

Sept (7) photos, pour décrire une seule scène. Cela s’est passé à Bourdon, lorsque des agents du Corps d’Intervention et de Maintien d’Ordre (CIMO), sont intervenus pour dérouter un groupe de manifestants. Dans une publication sur sa page Facebook, Jean Marc Hervé Abelard montre un jeune garçon, avec un énorme trou sur sa mâchoire droite. Ce dernier vient de recevoir une balle en caoutchouc. Le sang est vif. Un chauffeur de taxi moto récupère la victime pour lui transporter d’urgence à l’hôpital.

Sur une autre photo, on voit également une dame qui saigne. Elle a reçu plusieurs balles en caoutchouc. Aidée par un autre manifestant, elle tient sa main gauche, pour essayer de supporter la douleur. La victime se dirige vers un autre chauffeur de taxi moto, qui doit l’emmener au centre hospitalier le plus proche. Entretemps, sur un autre angle, deux (2) agents du CIMO, cagoulés, à l’arrière d’un pick-up de couleur blanche immatriculé 1-00314, vient à peine de lancer une bonbonne de gaz lacrymogène. Une bonne partie de la zone a été aspergée.

Parallèlement, certains travailleurs de la presse présents sur les lieux, sont à pied d’œuvre. Le photojournaliste, Jean Marc Hervé Abelard assiste et prend des photos. « En ce moment précis, la présence des journalistes avait ralenti un peu la brutalité des policiers », a-t-il souligné à la rédaction de Loop Haïti. Alors qu’il était en plein exercice, Abelard affirme avoir failli être heurté par le véhicule de police en question, qui se déplaçait à vive allure. Pour lui, les agents du CIMO l’ont visé directement. Cette scène « terrible » a troublé au plus haut point le co-lauréat du Prix Philippe Chaffanjon 2019, qui a craché sa colère et son indignation sur Facebook.

« Li pa logik non pou nap tire sou moun konsa. Mesye sensèman nou fè m sonje 2004 lè menm enstitisyon sa tap bay moun bal pou sove yon 5 kan yon prezidan ki ta prale tonbe. Mesye resezi nou tande », a écrit Jean Marc Hervé Abelard. Le photojournaliste n’a pas mâché ses mots et a fait sortir clairement sa frustration face aux agissements des forces de l’ordre lors de manifestations anti-gouvernementales à Port-au-Prince.

« C’était extrêmement grave ! La situation est très critique », a lâché Abelard. Pour lui, qui a porté mains fortes au jeune garçon blessé à se rendre à l’hôpital en urgence, « il est anormal d’utiliser la force de cette façon, contre des manifestants, qui, parfois, affichent un comportement pacifique. »

Sa publication du journaliste a suscité de vives réactions d’internautes mécontents contre les actes de certaines policiers lors des mouvements de protestation. Les photos ont été largement partagées en signe de protestation.

Notons que le sénateur américain, Bernie Sanders, a, dans un tweet publié hier mardi 1e octobre, dénoncé l’usage démesuré de la force par les forces de l’ordre, à Port-au-Prince. « Depuis plus d’un an, les Haïtiens manifestent contre la corruption du gouvernement et la hausse des coûts. À mesure que les manifestations s’intensifient, je suis préoccupé par l’augmentation de la violence. L’utilisation de balles réelles contre les manifestants et les journalistes constitue une violation des droits humains fondamentaux et est inacceptable », avait écrit le candidat à la primaire démocrate pour la prochaine présidentielle américaine.

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